Depuis le plus jeune âge, tout jeune de famille aisée africaine a espoir qu'il pourra poursuivre ses études à l'étranger. En tant que jeune bachelier, c'était aussi mon espoir.

Revenons dans le temps

Durant environ 5 ans, ma mère fut malade et nous vivions avec le sentiment qu'elle partirait un jour. Mon père a dû investir toutes leurs économies dans les soins de Maman. Émotionnellement, j'étais fatigué par la situation et spirituellement, j'étais tout aussi vide. J'ai finis par rater mon bac.

Je suis allé chez ma tante pour reprendre ma Terminale et aussi pour y retrouver Dieu : je voulais un changement de caractère, un recommencement. Cette année fut juste fantastique: je revenais à la maison avec mon BAC et une confiance en Dieu renouvelée pour mon avenir.

La persévérance au sein d'un système corrompu 

Connaissant les difficultés financières auxquelles mes parents faisaient face après la maladie de maman et les difficultés d'obtention de visa étudiant pour la France, Maman et moi avons passé 5 mois entre la maison et l'ambassade de France, à nous lever tous les matins à 4h pour être en début de file à l'ouverture des portes, mais sans jamais parvenir à y entrer. Il faut savoir qu'à cette époque les demandes de visa étudiant étaient reçues un jour par semaine uniquement, le mercredi. Les forces de l'ordre avaient pour consignes d'empêcher tout étudiant, en dehors des mercredis, de patienter devant l'ambassade, en utilisant tous les moyens de dissuasions. 

« C'est aujourd'hui, jeudi »

Un Jeudi matin, je ressentis très fortement au fond moi cette pensée: "c'est aujourd’hui que tu y vas". Si j'avais raisonné, j'aurais su que je mettais ma vie en danger. A 10h, j'étais devant l'ambassade. Des étudiants étaient présents et les esprits s'échauffaient. Nous étions fin Octobre. Les chances que les lettres d'acceptation aux écoles soient encore valides étaient minces car le semestre était bien entamé. La corruption avait raison des plus pauvres. Ils criaient à l'injustice. Les forces de l'ordre lancèrent l'assaut pour disperser les étudiants. J'étais dans la foule et je me mis à courir pour me réfugier quand l'intégralité de mon dossier se répandit au sol. Je me retrouvais avec d'un côté les policiers qui chargeaient vers moi et de l'autre les étudiants qui fuyaient déjà au loin. J'étais en train de ramasser le dernier document de mon dossier et je savais que je n'aurais pas suffisamment de temps pour me mettre à l'abri. Et là...

L’inattendu se produit

Le Consul sortit et demanda de faire rentrer des étudiants pour traiter leur dossier. Les policiers corrompus ont essayé de m'empêcher d'avancer car ils avaient déjà perçu de l'argent d'autres étudiants à parents plus fortuné. Mais le Consul leur a demandé de me laisser passer. Après moi, sont rentrés 7 autres étudiants seulement. Je déposais mon dossier et après quelques temps, j'obtenais une réponse positive ! Après coup, j'apprenais que sur tout le mois, je fus le seul visa pour la France. Dieu est juste ouf !

Marvin