Rescapée des attentats de Nice
Je voulais une vie ordinaire
Je m’appelle Laetitia. J’ai 28 ans. Je suis née dans une famille chrétienne. Depuis toute petite je “baigne dans le monde chrétien” en allant à l’église les dimanches et à diverses réunions la semaine. Mes parents sont tous deux très engagés en tant que chrétiens.
Mon père était responsable du groupe d’évangélisation et ma mère s’occupait de l’enseignement dans les groupes d’écoles du dimanche. Moi, j’aimais Dieu, mais de loin. J’avais conscience qu’il existait mais Dieu ne m’intéressait pas. J’allais à l’église et à l’école du dimanche par obligation. Je ne priais pas la semaine, ne lisais pas la Bible, je n’avais aucune relation avec lui et je n’en voulais pas. Mes parents me parlaient de Dieu quasi quotidiennement mais je ne posais aucune question, espérant que la conversation se termine rapidement.
Un rêve
Toute petite, je savais déjà que je voulais être dans les forces de l’ordre. À plusieurs reprises, lorsque je passais des concours ou lorsque j’avais besoin de quelque chose de précis, j’allais voir ma mère pour lui parler car je savais qu’elle priait et je savais que Dieu écoutait et répondait à ses prières. À 18 ans, je suis partie de chez mes parents et j’ai vécu ma vie loin de Dieu pendant plus de six ans. J’habitais dans le sud de la France, je faisais ce que je voulais, sans me soucier de quoi que ce soit. Ma vie était plutôt bien réussie, et je continuais à parler à ma mère quand je savais que j’avais besoin d’un coup de pouce divin. Malgré mon éloignement de Dieu, il m’a toujours aidée et protégée, et je ne pourrai jamais dire que j’ai réussi par mes propres moyens.
Dieu me cherchait
À 24 ans, j’ai été mutée dans l’est de la France, en Moselle, à deux heures de chez mes parents. J’ai donc pu, un weekend sur deux, retourner chez eux, et par conséquent à l’église. J’ai fait une croix sur ma relation amoureuse et toute ma vie passée.
Je me sentais bien et j’avais vraiment envie d’aller à toutes les réunions de l’église. Mais je n’avais pas envie d’aller plus loin. Au bout de neuf mois, j’ai parlé avec un pasteur de la petite église où allaient mes parents. Je lui ai déballé ce que j’avais sur le cœur et on a fini par parler de baptême. Cette conversation m’a fait réfléchir pendant plusieurs jours.
J’ai commencé à penser au baptême, et je voulais me renseigner mais voilà, ce n’était pas ma préoccupation première. Et puis un jour, j’avais rendez-vous avec ma mère pour chercher un bon-cadeau. La personne nous a appelées nous disant qu’elle aurait trois-quarts d’heure de retard. Nous avons donc décidé, ma mère et moi, d’aller nous balader dans une ville où nous n’allions jamais et de nous poser en terrasse. Nous étions en train de marcher quand nous avons vu, sur le trottoir d’en face, quatre ou cinq personnes. L’une d’elles a traversé la route et est venue me parler me disant que Dieu m’aimait et que je pensais à quelque chose et que je devais le faire. C’était maintenant le bon moment, que je devais foncer car c’était la plus belle décision à prendre et que Dieu me bénirait…
L’événement qui a changé ma vie
Je suis rentrée chez moi et j’ai demandé à Dieu de me parler. Les jours ont passé, les semaines aussi. Et le 13 juillet, je suis allée à Nice avec ma meilleure amie, passer quelques jours là-bas et assister au concert de Rihanna. Nous nous sommes baladées, et le 14 juillet au soir, c’est tout naturellement que nous sommes allées sur la Promenade des Anglais pour assister au feu d’artifice. Nous nous sommes préparées à l’hôtel, et au moment de partir, j’ai entendu une voix en moi qui m’a dit de mettre des baskets. (Nous étions en tongs).
Nous nous sommes donc changées et nous sommes parties. Nous nous baladions sur la Promenade des Anglais et là, par deux fois, j’entends cette même voix me dire de ne pas rester là, et la troisième fois d’aller sur la plage. C’est ce que nous avons fait. Nous avons vu un bar sur la plage et nous avons demandé une table. Le serveur nous a dit de retourner sur la plage car tout était déjà réservé. En repartant vers la plage, j’ai encore entendu cette voix en moi me dire : “Attends !”Je me suis retournée et j’ai vu un serveur parler à celui qui nous avait dit de partir. Et j’ai vu ce dernier courir vers nous et nous demander si nous étions d’accord pour consommer une boisson sur des transats. Nous avons accepté.
Le feu d’artifice passé, nous avons voulu partir quand cette voix m’a encore dit d’attendre. Nous avons attendu. Et au bout de quelques minutes, c’est quand nous avons décidé de partir que nous avons entendu, à quelques mètres de nous, une rafale de coups de feu. En fait, le “camion-tueur” venait de s’arrêter à une dizaine de mètres au-dessus de nous suite aux tirs des policiers. L’attentat de Nice venait d’avoir lieu. Dieu nous avait protégées.
Ce soir là, je me suis dit : “Si j’étais morte, où serais-je allée ?”
Prise de décision
Après ces événements, j’ai décidé de vraiment donner ma vie à Dieu et environ quatre mois après, je suis passée par les eaux du baptême. J’ai changé ma vie du tout au tout. J’ai vécu énormément de miracles depuis. Et Dieu m’a bénie tant sur le plan professionnel que personnel. Je suis mariée depuis bientôt un an avec Arnaud, lui aussi chrétien. J’ai ce zèle pour parler de Dieu autour de moi. Ce feu pour Dieu me dévore ! Je témoigne à mes collègues, à mes amis, à ma famille. Je vais à des sorties d’évangélisation, je témoigne lorsque je me balade, etc. Je vois vraiment Dieu agir dans mon quotidien, et c’est juste extra !
Peut-être que tu vis ta vie tranquille sans te poser aucune question… Je me suis rendue compte, ce 14 juillet, combien la vie était éphémère, combien on pouvait “passer de l’autre côté” en un instant. Et toi, que répondrais-tu à cette question : Si j’étais mort(e), où serais-je allé(e) ?
Laetitia